Et la pleine lune m'a fait passer d'humain à loup ; demain, j'aurai changé d'humeur à l'aube

Une mine agacée sur le visage, Haru n'avait pas passé une bonne journée, vraiment pas, il n'aimait pas devoir faire du mal aux gens, mais il n'avait pas le choix. Il relativisait en se disant que celui qu'il avait traîné chez ses bourreaux n'était clairement pas un type bien, mais tout de même.

Il ne rejetait pas sa famille, il acceptait même sa condition, dignement, mais il était parfois assez dur d'assister à toutes les horreurs qu'il faisait subir aux autres, ou bien à celles qu'on le forçait à regarder. Il n'en dormait plus le soir, hanté par les cris des personnes plus ou moins innocentes qu'il entendait.

La suite de sa journée avait néanmoins été plutôt tranquille. Il s'était rendu au casino de son père pour voir si tout se passait bien, les affaires tournaient plutôt bien, ni lui, ni son paternel, n'avaient d'inquiétudes à avoir. Son trafic se portait également à merveille, mais dans le milieu dans lequel il vivait, cela n'avait rien de bien surprenant. Malgré tout, il ne parvenait pas à boulier ce qu'il avait fait plus tôt dans la journée, il savait très bien que cet homme avait une femme, et des enfants, et qu'il ne les reverrait sans doute jamais, et cette pensée lui faisait du mal, même si on ne pouvait pas le voir, caché derrière un masque d'impassibilité, il était bien trop dur de le cerner. En même temps, cet homme n'aurait jamais dû faire ce qu'il avait fait, il savait bien ce qu'il risquait en refusant de payer ses dettes, il fallait relativiser. Ce n'était pas le premier, et c'était également loin d'être le dernier.

Peu avant l'ouverture du Bitch Club, Haru s'était rendu dans le bar pour parler affaires, sa journée de travail était loin d'être terminée, il devait négocier les parts qu'il devait vis-à-vis de son cartel au clan Fujiwara, alors, il devait s'entretenir avec l'un des membres de la famille, et ce bar était une excellente couverture.

Haru pénétrait alors à l'intérieur du bar, on l'avait prévenu que la personne qu'il devait voir serait en retard, résigné, il se dirigeait alors vers le comptoir où un serveur, à l'allure bien trop jeune, commençait à préparer le nécessaire pour l'ouverture... Enfin, à y voir de plus près, il était surtout en train de... Manger du chocolat ? Et il pourrissait tous les verres avec ses doigts gras. Haru soupirait fortement, quelle idée d'engager un gamin aussi jeune pour tenir un bar, ça lui paraissait même suspect. Résigné, il se contentait seulement de commander. "Un whisky, le meilleur, avec deux glaçons, pas un de plus. Merci." Il croisait les bras, l'air sérieux, peut-être un peu trop, il avait hâte que cette journée se termine.